"Au secours, Mr. Bungle est de retour !"

 

A l'occasion de la sorite de "Califorinia" par Christoffer Pirra pour Strasbourg webmag 1999

 

Décidément très prolifique, entre FANTOMAS et de nombreux projets parallèles (trash avec Sepultura, expérimental en solo et jazz avec Jon Zorn ou le Kronos Quartet), le sieur Mike Patton n’est pas en reste. Seulement il faut bien reconnaître que les dernières livraisons de cet incroyable bruitiste/chanteur ont bien plus à voir avec de l’expérimentation sonore qui tenterait de réunir aussi bien les amateurs de grindcore que de valse-musette. Ceci étant dit, quid du dernier BUNGLE, me direz-vous ? Eh bien, après plusieurs écoutes assidues totalement à jeun (si, si), je suis bien obligé d’avouer, à mon grand dam, que cet album est en passe de devenir un putain d’incontournable de l’année 1999, plus en tout cas que le dernier live hardcore de Céline Dion qui encombre les bacs des disquaires. Car soyons sérieux deux minutes, en plein revival rap/métal opportuniste, d’autres artistes cherchent à briser les barrières et prouvent que OUI le rock a un avenir. Bien plus abordable que les deux précédents BUNGLE, nous trouvons dans ce disque pêle-mêle: du rock (fifties-sixties), du métal (en couches raisonnables), de la musique du monde (raï, musique turque ou tzigane ...), du chant typé crooner, des cris, des râles, des vocaux hallucinants ... tout en préservant le cynisme, l’humour et la folie vocale propre à Mike Patton. Il n’est pas aisé de parler d’un titre à proprement parler tant tout l’ensemble se tient, mais comment ne pas crier au génie à l’écoute du jubilatoire « Ars Moriendi », cinquième morceau du disque qui fait passer la B.O.F. de « chat noir, chat blanc » d’Emir Kusturica pour du Offspring, ou encore du tonitruant « Goodbye Sober Day » qui clôt l’album ? Ce disque est à pleurer, à chaque niveau d’écoute, les thèmes se mettent en place, mais il y a toujours quelque chose pour accrocher l’oreille, quelque chose qui fait que ce disque est inusable et qui nous pousse à le réécouter encore et encore. On imagine sans peine la dextérité et la technicité hallucinante des musicos et surtout on confirme le génie inégalable de Mike Patton, mutant à la voix incroyable et allumé notoire. Oh bien sûr cet album demande certainement plus d’efforts d’écoute que le dernier single de Ricky Martin mais au bout du compte, les amis, le jeu en vaut vraiment la chandelle. Vive la différence, vive l’ouverture d’esprit, vive Mr.Bungle et vive le Racing Club de Strasbourg ! A bon entendeur ...

Christore Pirra - Strasbourg webmag