Review : FantÔmas live à l'Elysée Montmartre (22 juin 2001)

 

Comment définir l'indéfinissable ?

Fantômas est un groupe a coté duquel Mr Bungle passerait presque pour accessible. Les deux formations étant portées a bouts de bras par l'incroyable Mike Patton, la comparaison était inévitable.

Apres avoir pondu un ahurissant premier album expérimental, Fantômas nous prépare pour les jours prochains un second opus intégralement composé de reprises de grands classiques du cinéma. Impossible d'imaginer ce qui nous attend pour le troisième disque du quatuor, déjà annoncé pour la fin 2001 !

Il y a cependant plus étonnant qu'un album de Fantômas, et c'est un concert de Fantômas, tout simplement. Voici donc un résumé de la prestation après laquelle plus aucun concert n'aura la même saveur :

Nous sommes le vendredi 22 juin, il est 19h00, et l'Elysée Montmartre se remplit progressivement d'un public de maniaco-mélomanes… Apres une interminable première partie assurée par deux Dj mixant une tech-electro-indus (rayez la mention inutile) sympathique mais un poil répétitive, les quatre spécimen dont le moule a été probablement brisé a la naissance font leur entrée dans l'arène.

A gauche de la scène, tout d'abord, le phénoménal Dave Lombardo, ex batteur de Slayer, dont les fans entamaient un frénétique pogo a chaque accélération. Au milieu, l'extraterrestre Buzz Osborne, guitariste des Melvins, arborant une tignasse qui donnerait des complexes a Robert Smith lui même. A ses cotés, le bassiste de Mr Bungle, Trevor Dunn, qui semble avoir une quinzaine d'années sous sa casquette. Et enfin, a droite de la scène, le seul ,l'unique, l'incomparable Mike Patton qui emplit déjà la salle de toute son aura (moi fan ?non…).

S'ensuit une magistrale interprétation de leur album éponyme, joué au millimètre prés, dévoilant ainsi l'impressionnante complexité technique de ce qui pouvait passer pour de l'impro pure sur le disque.

En fermant les yeux, on pourrait croire que Lombardo est une pieuvre sous amphétamines tant son jeu est riche et rapide, quant a Patton - pardon - Mr Patton, en plus de produire des sons d'un autre monde et d'enchaîner avec des vocalises qui feraient pâlir les sirènes de jalousie, il parvient a manipuler son orchestre comme un montreur de marionnettes :en effet, par ses signes permanents, il semble tirer des fils invisibles qui vont déclencher ici un riff tonitruant chez Buzz, et provoquer là un roulement de la part de Dave. La complicité unissant les membres est frappante.

Le groupe nous gratifie également d'une reprise de Al Greene, ainsi que de deux extraits du prochain album dont " Experiment in Terror " de H.Mancini. Le rappel se termine environ une heure après le premier coup de baguette, et tout ça semble s'être passé en un éclair. Les nombreux moments d'anthologie restent imprimés dans le crâne longtemps après la fin du set, comme cet incroyable passage ou les quatre s'arrêtent brusquement de jouer, faisant régner un silence incongru et magique… et surprenant soudain l'audience avec de furtives explosions de batterie-voix distillées par intermittence !

Vous êtes blasé ? désabusé ? Plus rien ne vous étonne ? Le remède s'appelle Fantômas.

Patrick BAUD